Compte rendu de la conférence du journaliste Daniel HAIK

Le mercredi 9 octobre, le lycée Georges Leven a accueilli le journaliste Daniel Haïk pour une conférence sur le thème du conflit israélo-palestinien et de l’unité du peuple juif.

Daniel Haïk est un journaliste franco-israélien, analyste politique pour la chaîne i24News et auteur du livre Samedi Rouge, un ouvrage qui regroupe des témoignages de survivants du 7 octobre.

“Être journaliste, c’est une question de perspective”

Le changement radical engendré par le 7/10

Le 7 octobre a été un jour de drame, un jour catastrophique. Personne n’en est ressorti indemne. Qui pourrait se prétendre épargné par le traumatisme qu’un tel évènement a engendré? Nous avons tous vu les images, tous entendu les histoires, tous été impactés à des degrés divers. Mais le 7 octobre n’est pas uniquement un jour dramatique. C’est aussi la date de la réunification, de la renaissance de l’identité juive.

L’exemple le plus marquant de ce changement surprenant est celui de la place Dizengoff, Tel Aviv. Une semaine avant le jour fatidique, à Yom Kippour qui est supposé être le Grand Pardon, juifs laïcs et conservateurs se disputaient sur cette place pour décider si l’on mettrait une séparation entre hommes et femmes lors de la fête de Simhat Torah. Une semaine après, le lendemain du 7/10, ces mêmes personnes se retrouvaient sur la place pour faire des colis de nourriture à envoyer aux soldats de Tsahal et aux réfugiés.

Les attaques terroristes du 7/10 ont pris de court un pays entier; et les horreurs commises l’ont paralysé. La population s’est retrouvée dans une éclipse et s’est réveillée le lendemain, alors plus soudée qu’avant. Fallait-il vraiment un choc de cette ampleur pour réunifier le peuple juif? Quoiqu’il en soit, il a une fois de plus fait preuve de résilience, comme il l’a toujours fait. Mais faut-il toujours que ce soient les ennemis qui nous ramènent vers l’union?

Deux identités distinctes

Pourquoi cette réunification? Qu’est ce qui a changé entre le 6/10 et le 8/10, pourquoi les juifs du monde entier se sont alors sentis un peu plus reliés à Israël, quel a été ce déclic?

Pour comprendre, il faut remonter en 1948, à la création de l’Etat d’Israël. Jusqu’ici le peuple juif avait été lié par une seule chose: sa religion. L’identité juive avait été préservée lors de la diaspora grâce à la pratique de la même religion, et à l’étude de la même Torah. Lors de la création d’un Etat juif par Ben Gurion, la population juive avait désormais autre chose à quoi se raccrocher: une maison, une terre. Les israéliens n’étaient plus en exil, donc ils n’avaient plus besoin de pratiquer la religion pour se sentir appartenir à la communauté juive. “Être Juif” a alors pris une nouvelle dimension, plus seulement religieuse mais désormais identitaire. Le judaïsme orthodoxe, affaibli par la Shoah n’était plus le courant dominant; désormais on parlait d’un futur du judaïsme plus laïque et l’identité juive s’est confondue avec le fait d’être Israélien.

Le 7/10, les terroristes du Hamas ont attaqué les kibboutzim du nord d’Israël, qui hébergeaient en grande partie des Juifs de gauche, plutôt laïcs et pour la création d’un Etat palestinien. C’étaient ces Juifs qui transportaient les enfants palestiniens malades dans des hôpitaux bien équipés technologiquement. Ils ont été les premiers à subir les attentats du Hamas. Lorsque les soldats de Tsahal sont arrivés sur place pour s’occuper des survivants ils se sont heurtés à un problème: comment les convaincre de sortir des chambres blindées?

“Comment pouvons-nous savoir si vous n’êtes pas du Hamas? Leurs soldats parlaient aussi hébreu.”

Les soldats de Tsahal ont récité le Shema Israël, la prière la plus connue. Alors seulement, les gens des kibboutzim ont été rassurés et sont sortis.

En temps de guerre, cette identité qui est née à la création de l’Etat d’Israël ne suffit plus. On se tourne alors vers l’autre, celle qui prend racine dans la religion, et elle devient nécessaire. C’est la renaissance de l’identité juive, la réunification. Tous ceux qui ne se sentaient pas forcément proches d’Israël ont reconnu cette identité-là; ce lien existe toujours.

L’importance de l’identité juive

Que nous apporte cette identité juive?

Daniel Haïk rapporte le témoignage de Sapir Cohen, ancienne otage du Hamas, retenue en captivité pendant 50 jours. Elle a eu l’occasion de discuter avec l’un de ses ravisseurs. Selon lui, lorsque les Juifs sont divisés, c’est l’occasion de les briser mais lorsqu’ils sont unis alors on ne peut rien contre eux. Après sa libération, Sapir Cohen a décidé de dédier sa vie à l’unification du peuple juif.

Daniel Haïk a finalement ponctué sa conférence avec une citation qui représente pour lui le mieux ce long combat:

“Le peuple de l’éternité n’a pas peur des longs cheminements”

Rabbi Kook

 

Rédaction: Ida KOGEL

Relecture: Shiritt BARROS